Les fonds régionaux pour la transition énergétique financent avec des ressources propres la réalisation de projets de production d’énergies renouvelables. Les collectivités, les sociétés privées ou les habitants peuvent faire appel aux fonds qui, au-delà de l’apport financier, apportent une expertise aux porteurs de projets.Il ne s’agit pas de subventions mais d’investissements. Les fonds sélectionnent donc des projets alliant développement et rentabilité.
Pour les acteurs de la transition écologique, la création d’une société de gestion par une société d’économie mixte (SEM) est sans conteste une innovation dans le paysage des investisseurs : la société Occte, issue de la SEM Agence régionale énergie climat (Arec), a obtenu, fin août, l’agrément de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ouvrant des perspectives pour la production d’énergies vertes sur le territoire de l’Occitanie. L’Arec Occitanie n’a pas attendu cette bonne nouvelle pour soutenir en fonds propres les entreprises du secteur. Elle est actionnaire de deux sociétés qui ont contribué à hauteur de 40 millions d’euros pour accompagner des projets d’investissements.
« Passer de la SEM à un fonds permet d’enclencher la vitesse supérieure en renforçant la mise de fonds privés et publics », souligne le directeur général de l’Arec et président de la société de gestion, Stéphane Péré. Ces dernières années, plusieurs régions se sont lancées dans l’aventure.
Créé par la Nouvelle-Aquitaine en 2016, le fonds Terra Energies est plus modeste, avec une enveloppe de 8 millions d’euros pour des tickets moyens de 300 000 euros par projet soutenu. Les actionnaires privés réunis détiennent la majorité des actions.
Un effet de levier puissant
En région Auvergne – Rhône-Alpes, le fonds Oser ENR, lancé en 2014, comptabilise un budget de 40 millions dont la région détient 50 % des parts. D’après le président de ce fonds, Frédéric Fournier, « le fonds de l’Occitanie est le plus abouti et le plus ambitieux. Il a dix longueurs d’avance sur les autres ! ». Actionnaire de la société de gestion Occte, la région Nouvelle-Aquitaine porte son ambition en prévoyant un investissement de 10 millions d’euros dans une première levée de fonds de 100 millions d’euros bouclée d’ici à la fin 2023.
L’investissement pourra aller de 2 millions à 10 millions d’euros par projet. Selon Sébastien Berthelier, membre du directoire chargé de la banque de développement régional de la Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées, « il fallait l’agrément de l’AMF pour attirer de nouveaux partenaires privés confortés dans leur idée d’intégrer un outil d’investissement indépendant de toute logique politique ». La banque participe au fonds à hauteur de 5 millions.
La gestion du risque
Méthanisation, éolien, solaire, biomasse, hydroélectricité, hydrogène, stockage… tous les secteurs sont susceptibles d’être concernés. L’intervention des fonds peut se faire pour soutenir le projet, au stade de la construction, de la production ou encore pour le renouvellement des infrastructures.
« Nous avons d’abord investi sur les projets autorisés mais on nous attendait plus en amont. Aujourd’hui, la moitié du portefeuille est consacrée aux projets en développement », précise Mathieu Goddefroy, directeur de Terra Energies.
La spécificité des technologies, leur niveau d’acceptabilité et leur maturité économique entrent en jeu pour déterminer le niveau de risque de l’investissement. « Si les ombrières ne posent pas de problème, c’est bien entendu différent pour les éoliennes ou les unités de production de méthanisation. C’est pourquoi le fonds panache les projets en fonction des risques », illustre le directeur de Terra Energies.
Sur les 35 lignes d’investissements d’Oser ENR, 32 ont une collectivité de proximité parmi leurs actionnaires. Pour autant, ces perspectives de développement territorial ne doivent pas cacher la difficulté de trouver l’équilibre financier.
Les fonds disposent des feuilles de routes ambitieuses des régions. Investisseur de longue durée, de dix à vingt ans, les fonds régionaux imaginent les conditions futures de leur sortie des sociétés de production matures pour réinjecter des financements sur de nouvelles opérations.
Des personnels qualifiés
Celui de la Nouvelle-Aquitaine a pris de l’avance sur ce sujet. « Nous réfléchissons actuellement aux conditions de notre développement sur les cinq années à venir car il est nécessaire, au vu de la crise énergétique actuelle, de se donner les moyens d’accélérer notre intervention énergétique », confirme Frédéric Fournier. Les investissements gérés en interne imposent des besoins accrus en personnels qualifiés. La ressource de la collectivité restant la même, la question de faire appel à de nouveaux investisseurs privés se pose, au risque de diluer la gouvernance.
Le fonds Occte a passé le pas. Selon Robert Léon, banquier territorial de la Caisse d’épargne Midi-Pyrénées, « la massification des interventions est possible car la région, intervenant depuis des années dans la transition écologique, est un acteur solide et reconnu par les investisseurs. Les intentions sont déjà proches des 100 millions d’euros annoncés et l’appel de fonds pourrait être bouclé dès le printemps ».
Source : https://www.lagazettedescommunes.com/841151/transition-ecologique-les-fonds-regionaux-vont-devoir-massifier-les-investissements/