Thierry Repentin, président de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), fait le point sur le bilan du programme France Rénov’ un an après son lancement, ainsi que sur les critiques dont il a été l’objet.
France Rénov’, le service public de la rénovation énergétique de l’habitat privé porté par l’Anah, a été lancé il y a un an. Quel est son bilan ?
La rénovation de l’habitat privé a longtemps été l’angle mort des politiques publiques, car elle posait la question de la légitimité de l’intervention publique. Avec la création de MaPrimeRénov’, puis de France Rénov’, on a changé d’échelle. Depuis le 1er janvier 2022, la plateforme a reçu six millions de visites, 718 000 logements ont été rénovés en 2022 et 3,4 milliards d’euros d’aides ont été distribués aux particuliers, dont 3,1 milliards de crédits de MaPrimeRénov’, le reste provenant des aides à la pierre.
Je suis persuadé que cette politique publique va continuer à prendre de l’essor dans les années qui viennent. La question du pouvoir d’achat est aujourd’hui centrale, or grâce aux travaux engagés, les ménages ont fait en moyenne 50 % d’économies d’énergie, soit 790 euros en moyenne par an, et ont économisé trois tonnes de CO2, soit trois allers-retours Paris - New York ! J’insiste, car il faut donner du sens aux chiffres.
Les rénovations énergétiques globales, incluant chauffage et isolation, ne représentent que 10 % des dossiers, alors qu’elles seules ont un vrai impact sur les émissions de gaz à effet de serre. Comment accroître leur part ?
En 2023, nous relevons le plafond de travaux pour ces rénovations globales de 30 000 à 35 000 euros et augmentons le forfait d’aide pour les ménages les plus modestes. Il faut accompagner de façon plus précise les ménages qui ont un projet, la montée en puissance des accompagnateurs MaPrimerenov’ va y contribuer.
L’aide destinée aux copropriétés, encore peu sollicitée car le montage des dossiers et la prise de décision sont complexes, va aussi augmenter : elle passe de 15 000 à 25 000 euros, et les primes sont doublées pour les ménages les plus modestes. Ce chantier des copropriétés est encore devant nous. En 2022, 25900 logements en copropriété ont bénéficié de MaPrime Renov, pour 2023 nous voulons passer à 40 000 logements.
Les collectivités territoriales soutiennent-elles la rénovation de l’habitat privé ?
Elles participent au développement du réseau d’information des accompagnateurs MaPrimeRénov’ – ils sont 2200 conseillers dans les 550 points d’information – et apportent des aides supplémentaires par le biais des aides à la pierre. Certaines ont également mis en place une exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties pour trois ans destinée aux ménages qui réalisent des travaux de rénovation thermique. C’est un dispositif nouveau qu’il faut mieux faire connaître aux collectivités.
France Rénov’ a été pointé par le Défenseur des droits pour sa difficulté d’accès, des retards de paiement sont régulièrement dénoncés, que répondez-vous à ces critiques ?
Le service a un an. Oui il faut simplifier nos outils, faciliter l’accès à la plateforme. Nous traitons chaque semaine 25 000 dossiers, autant de cas particuliers. Nous avons mis en place une task force pour les 2 000 dossiers qui chaque semaine recèlent des anomalies, et nos délais de paiement sont en moyenne de quinze jours. Je ne sais pas quel autre organisme a une telle activité ! Il faut rappeler que 89% des bénéficiaires des aides sont satisfaits de leur parcours.