Alors que le gouvernement vient d’annoncer une hausse de 10% des tarifs réglementés de l’électricité au 1er août, les consommateurs français devraient être exposés à de nouvelles augmentations dans les années à venir.
Les prix de l’électricité pas tant contenus que ça? Il y a trois semaines, les tarifs réglementés de vente du gaz prenaient fin tout comme le bouclier tarifaire autour de cette énergie qui n’avait plus lieu d’être en raison de la forte baisse des prix de marché. L’occasion de rappeler alors que le bouclier tarifaire concernant l’électricité courrait quant à lui jusqu’à la fin de l’année 2024, comme l’avait indiqué le gouvernement il y a quelques mois.
Mais les consommateurs sont-ils réellement protégés de nouvelles hausses des prix de l’électricité? Manifestement non si on se fie à l’augmentation de 10% des tarifs réglementés de l’électricité au 1er août que vient d’annoncer l’exécutif… alors qu’il avait garanti, en septembre 2022, une limitation de la hausse de des prix de l’électricité à 15% sur toute l’année 2023 dans le cadre du prolongement du bouclier tarifaire.
Sauf que dès février 2023, une première hausse de 15% a été passée, après 4% en février 2022. En ajoutant la hausse à venir au 1er août, depuis 2021, le tarif réglementé dont dépendent quelque 23 millions de clients (sur 34 millions), aura donc augmenté de 31%.Alors pourquoi cette nouvelle augmentation? Le gouvernement anticipe en réalité de futures révisions haussières des tarifs de l’électricité qui vont inévitablement survenir dans les prochaines années et ce, pour plusieurs raisons.
Après la fin de l’Arenh en 2025, un nouveau mécanisme moins avantageux?
Avant la crise énergétique apparue il y a bientôt deux ans et accentuée par la guerre en Ukraine, le niveau relativement raisonnable des prix de l’électricité, entre 50 et 70 euros le MWh contre 90 à 200 euros le MWh aujourd’hui, était notamment permis par l’Arenh, l’Accès régulé à l’électricité nucléaire historique. Il s’agit d’un mécanisme qui permet aux fournisseurs alternatifs d’électricité de bénéficier d’une partie de la production d’électricité issue des centrales nucléaires d’EDF à un prix particulièrement compétitif, de 42 euros le MWh.
Entré en vigueur en 2021 par l’intermédiaire de la loi NOME sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité, l’Arenh disparaîtra à la fin de l’année 2025. Un nouveau mécanisme devrait lui succéder mais selon des modalités différentes, alors que le nouveau patron d’EDF Luc Rémont s’est montré critique vis-à-vis de l’Arenh qui a, selon lui, participé à plomber les finances de l’entreprise ces dernières années.
Le gouvernement souhaite ainsi que le nouveau mécanisme affiche des prix davantage en phase avec les réels coûts du nucléaire (estimés à moins de 60 euros le MWh par la Commission de régulation de l’énergie) afin de permettre à EDF d’investir dans ses centrales, notamment les nouvelles.
Car les chantiers des six futurs EPR2 (auxquels pourraient s’ajouter huit infrastructures supplémentaires) constituent un autre facteur d’augmentation des prix de l’électricité. Pour en réduire l’impact de la facture, le gouvernement réfléchit à un mécanisme de « base d’actif régulé » qui mettrait à contribution les consommateurs dès le début du chantier pour commencer à rémunérer directement EDF dans le même temps.
Auditionné par la commission des affaires économiques et sociales de l’Assemblée mercredi, le PDG d’EDF Luc Rémont a ainsi indiqué que l’opérateur doit passer à un niveau de 25 milliards d’euros d’investissements par an, dont 80% consacrés à la France. Il a ajouté qu’EDF doit travailler avec le gouvernement à un nouveau consensus national sur le prix de l’électricité.
Le levier des réseaux de transport
Si le parc nucléaire français se porte bien mieux qu’il y a un an, de nouvelles installations vont être nécessaires pour répondre aux besoins exponentiels en électricité. Face à l’horizon trop « lointain » des prochains réacteurs nucléaires construits, les énergies renouvelables deviennent indispensables. La multiplication des parcs éoliens et solaires s’accompagne de travaux de renforcements des lignes qui sont financés via des prélèvements sur les factures des consommateurs. Des prélèvements qui sont d’ailleurs à l’origine de la prochaine hausse des tarifs réglementés d’après la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
Lors d’une audition devant la commission des affaires économiques du Sénat il y a deux semaines, la présidente de la CRE Emmanuel Wargon avait indiqué que les investissements annuels dans les différents réseaux augmentaient d’environ un milliard d’euros, aussi bien pour RTE (à deux milliards et demi) qu’Enedis (à plus de 5 milliards d’euros).
« On a un énorme pic à passer et on n’est pas totalement serein. Il y a à la fois un sujet de financement -il faut que les tarifs soient en capacité d’aborder ces besoins d’investissements-, et il y a la question de la faisabilité technique. »
Ces investissement sont si conséquents qu’ils dépassent ceux envisagés dans le cadre des futurs EPR2. Alors que RTE chiffre son besoin d’investissements à 33 milliards d’euros d’ici à 2035, Enedis table sur près de 100 milliards d’euros à l’horizon 2040 soit presque le double du coût des six prochains réacteurs nucléaires.
Sources : https://www.bfmtv.com/economie/entreprises/energie/electricite-pourquoi-les-prix-devraient-continuer-d-augmenter-dans-les-prochaines-annees_AV-202307190378.html