Selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie, 1 700 milliards de dollars devraient être investis dans les technologies décarbonées. Cette année, les crédits alloués au solaire devraient même dépasser ceux accordés au pétrole.
Tout un symbole. En 2023, les investissements réalisés dans le domaine de l’énergie solaire devraient dépasser, pour la première fois, ceux effectués dans le pétrole, selon le rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié ce jeudi. « L’énergie propre progresse rapidement, plus rapidement que beaucoup de gens l’imaginent », souligne le directeur de l’AIE Fatih Birol, dans le document. Il explique également que l’investissement mondial dans la production électrique est aujourd’hui dominé à 90 % par des technologies bas carbone.
De manière générale, l’investissement dans les technologies décarbonées (les énergies renouvelables, ainsi que le nucléaire, les voitures électriques ou bien les pompes à chaleur), devrait atteindre 1 700 milliards de dollars en 2023, quand environ 1 000 milliards iront aux solutions fossiles. « Pour chaque dollar investi dans des énergies fossiles, environ 1,70 dollar part vers des énergies propres. Il y a cinq ans, ce ratio était de 1-1 », explique le rapport, qui précise tout de même que les montants consacrés aux hydrocarbures et au charbon continuent de progresser de 15 % annuellement. Les énergies propres, quant à elles, croient de 24 % par an.
Le secteur dopé par la crise énergétique et climatique
Cette hausse est notamment portée par celle de l’énergie solaire. « Plus d’un milliard de dollars par jour devraient aller à des investissements dans le solaire en 2023 (380 milliards sur toute l’année), poussant pour la première fois ce montant au-delà de celui investi dans la production de pétrole (370 milliards de dollars) », explique l’institution installée à Paris.
Force est de constater que les énergies fossiles ne sont plus aussi rentables qu’auparavant. Leurs prix sont extrêmement volatils, notamment à cause de l’invasion russe en Ukraine, qui a créé d’importantes inquiétudes sur l’approvisionnement en gaz. Les mesures de soutien prises par l’Union européenne, la Chine, le Japon ou les Etats-Unis ont renforcé la tendance. Le rapport pointe également la hausse des taxes sur les énergies fossiles dans certains pays, rendant les perspectives de retour sur investissement nettement moins intéressant pour les entreprises.
Quelques locomotives
Le monde entier n’avance pas au même rythme. L’agence internationale de l’Energie note que cette hausse des investissements est surtout le fait des économies dites « avancées », comme les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon ou la France.
La Chine compte également parmi les pays à financer massivement le développement de l’énergie solaire. Le reste du monde pèse très peu dans cette hausse. Dans son rapport, l’AIE appelle la communauté internationale à se mobiliser sur le sujet : « L’ironie est que certains endroits parmi les plus ensoleillés du monde disposent des plus faibles niveaux d’investissement dans le solaire »
L’institution pointe également du doigt un bémol majeur : les dépenses consacrées à l’exploration et à l’exploitation pétro-gazière devraient augmenter de 7 % en 2023, ce qui ramène le monde au niveau de 2019. À ce rythme-là, la trajectoire de la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle s’éloigne encore. Autre point d’inquiétude, le reflux des investissements dans le charbon. Le secteur a atteint un sommet historique en 2022, les sommes allouées sont six fois supérieures à celles qu’il faudrait atteindre afin d’assurer la neutralité carbone.
Source : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/energies-le-solaire-va-supplanter-le-petrole-des-2023-RUNC4JV62NA2BDRMP5EQGPJUSY/